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Le risque lié au vapotage : purifier l’air

19 février 2020

Auteur : L'interconnexion

Il y a maintenant plus de 20 ans que la cigarette électronique a fait son apparition. Ce produit, qui libère de la vapeur (d’où le terme vapotage), reste à la fois populaire et controversé. Certains pensent que la cigarette électronique offre une solution relativement sûre et non toxique au tabagisme tandis que d’autres croient qu’elle peut avoir des effets néfastes directs tant pour le fumeur que pour son entourage.

Malgré le débat, la cigarette électronique a gagné en popularité. Au Canada, où elle a été légalisée en 2018, la cigarette électronique a gagné un grand nombre d’utilisateurs et est devenue la solution la plus prisée auprès des fumeurs actuels et des anciens fumeurs de cigarettes. Cette popularité a fait exploser le marché. Le plus grand fabricant de cigarettes électronique, la société américaine Juul, a enregistré des ventes de plus de 1 milliard de dollars en 2018 (ventes qui avaient été de 200 millions de dollars en 2017) (1).

Pourquoi toute cette controverse? Il y a d’abord la question de la santé et de la sécurité. Entre juillet et octobre 2019, Santé Canada a saisi 60 000 produits de vapotage non conformes (2). Il y a aussi le problème entourant la promotion des cigarettes électroniques à base de nicotine auprès des jeunes et la normalisation de ces produits. On craint de voir apparaître une nouvelle vague de maladies liées à la nicotine. L’année dernière seulement, le nombre d’adolescents qui vapotent a doublé. En outre, des études récentes ont révélé que près de 40 % des jeunes âgés de 16 à 19 ans ont essayé le vapotage et que 1 adolescent sur 10 continue à s’y adonner de façon hebdomadaire (2). De nombreuses entreprises de produits de vapotage ont fait la promotion d’aérosols à saveur sucrée (par exemple, mangue, barbe à papa et gomme à bulles), incitant ainsi les jeunes consommateurs à utiliser leurs produits (3). Beaucoup de capsules de vapotage ont une teneur en nicotine équivalant à 20 cigarettes classiques. Or, environ les deux tiers des utilisateurs âgés de 15 à 24 ans ne sont pas au courant de la présence de cet additif nicotiné qui engendre une très forte dépendance (3). Par ailleurs, la recherche scientifique se poursuit quant aux effets à long terme des cigarettes électroniques sur la santé des enfants, des adolescents et des jeunes adultes, mais il est impossible d’affirmer que la nicotine, en soi, crée une forte dépendance et peut nuire au développement cérébral chez les jeunes, particulièrement les parties du cerveau qui contrôlent l’attention, l’apprentissage, l’humeur et le contrôle des impulsions. Qui plus est, les aérosols de cigarette électronique contiennent des ingrédients pouvant avoir des effets néfastes sur les poumons à long terme. Par exemple, les arômes de cigarettes électroniques peuvent être ingérés sans danger pour la santé, mais leur inhalation est dangereuse, car les poumons peuvent traiter beaucoup moins de substances que l’intestin (3).

Dans le but de réprimer le recours endémique au vapotage chez les adolescents, les États-Unis interdisent actuellement certains arômes de capsules de vapotage préremplies. Ces capsules aromatisées, conçues pour un usage unique, sont consommées par les adolescents à un taux alarmant (particulièrement les capsules à la menthe) (4). Toutefois, beaucoup de produits restent offerts à grande échelle, notamment des dispositifs ouverts et des milliers de liquides de vapotage aromatisés qui ne se présentent pas sous forme de capsules. On trouve couramment ces produits dans les magasins de produits de vapotage et dans de nombreux dépanneurs (5).

De nouvelles inquiétudes ont fait leur apparition en 2019 : en Amérique du Nord, plusieurs dizaines de décès et plus de 2 000 cas de trouble respiratoire ont été attribués au vapotage. Dans la majorité des cas, les poumons ont été endommagés en raison de la consommation de THC (l’ingrédient psychoactif de la marijuana) et de produits de vapotage (contenant ou non de la nicotine). Très souvent, les personnes avaient également utilisé des produits non réglementés (provenant du marché noir), qui pouvaient contenir des toxines comme des pesticides ou d’autres substances nocives, notamment de l’acétate de la vitamine E, un agent épaississant que l’on trouve la plupart du temps dans les produits de vapotage vendus sur le marché noir (2).

À présent, les coalitions d’organismes de réglementation et de professionnels de la santé se livrent bataille de chaque côté de la médaille. Les uns font valoir les avantages d’une solution potentiellement moins dangereuse aux cigarettes traditionnelles alors que les autres dénoncent le nombre croissant de maladies graves ou de décès directement attribuables au vapotage. Dans le domaine de l’assurance, les tarificateurs et les actuaires se fondent sur des données et des études à long terme pour préparer les propositions d’assurance et prendre des décisions connexes. Mais dans la tourmente entourant le vapotage, il est tout simplement encore trop tôt pour dire si les avantages l’emportent sur les inconvénients. Pour l’heure, le consensus qui se dégage chez les tarificateurs d’assurance est que la prime de risque liée au vapotage est la même que celle liée au tabagisme, mais cette position peut bien sûr changer avec le temps et les nouvelles connaissances. Restons à l’affût de l’évolution de cette question.

Notes et références

(1) Reuters, Juul annual sales projected to top $3billion after profitable 2018, Feb.22, 2019

(2) Globe and Mail, It’s time to treat e-cigarettes like cigarettes, Editorial, Nov 17, 2019

(3) U.S. Department of Health & Human Services. Centers for Disease Control and Prevention, Quick Facts on the Risks of E-cigarettes for Kids, Teens and Young Adults. February 3, 2020

(4) Edwards, Erika. NBC News. Teens who vape prefer minty flavours. November 5, 2019

(5) McGinley, Laurie. Washington Post. Flavored e-cigarette pod ban starts Thursday: What it means to vapers, kids and parents. February 5, 2020